Laos

  • Sabaidii Laos!!!

Publié le 07 avril 2011 par Claire, photos à venir de Jean-Louis

… une autre histoire! La voici cette nouvelle page, nous avons passé peu de temps au Laos, mais quels merveilleux souvenirs pourtant! Mais ne parlons pas déjà au passé, ce n’est pas bien loin, on s’y replonge avec plaisir!

Tout à d’ailleurs commencé par de l’eau, de l’eau, et encore de l’eau. Heureusement pas celle de la pluie, mais bien celle du Mékong, qui nous sépare encore de ce nouveau pays. Nous le traversons dans un petit bateau, nos vélos remplissent presque toute la coque… Après quelques pas sur la terre ferme, nous passons assez facilement toutes les formalités, et le visa en poche, nous découvrons Houxai, une petite ville frontière où vous avez l’impression que l’on vous tend un piège à chaque pas. L’ambiance classique de l’arnaque-nouveau débarqué, qui n’a pas beaucoup le choix et doit bien acheter son sandwich au prix proposé. Ce n’est pas l’ambiance que nous préférons, mais enfin, on fait avec, et nous apprenons à nous débrouiller avec la nouvelle monnaie, 1 euro, c’est 11.000 kips, on devient vite millionnaire au Laos!

Nous faisons connaissance avec Monique et Jean-François, un chouette couple du sud-ouest, que c’est gai de bavarder avec eux! Ils connaissent aussi Marine et Vianney, rencontrés un mois auparavant, le monde des voyageurs est étonnamment petit…! Le rendez-vous est pris pour le lendemain, nous embarquons tous sur le Mékong, direction Luang Prabang, pour une « croisière » de deux jours. Pour nous, c’est une chouette solution, les pistes pour rejoindre la ville sont assez mauvaises, et puis, se reposer au fil de l’eau, ce n’est pas de refus!

Le lendemain, nous sommes prêts fort tôt, il paraît qu’il faut arriver à l’avance pour avoir une belle place. Effectivement, conseil judicieux, le bateau se remplit bien, il transporte presqu’une centaine de touristes, par contre, nous devons attendre le départ pendant trois heures, patience patience! Ca nous laisse largement le temps d’amarrer les vélos sur le toit en tôle brûlant, de bavarder avec nos deux compagnons, et de voir arriver un autre couple de cyclistes suisses.

Et enfin, c’est parti…! Il n’y a plus qu’à se laisser bercer et à contempler les paysages. Le Mékong en cette saison est plutôt calme, et le niveau n’est pas bien haut, mais suffisant pour cette barque à fond plat. Nous dépassons de petits villages de maisons tout en bois et en paillotes, rions à voir les enfants tout nus se baigner en nous faisant de grands signes, observons curieusement les orpailleurs essayer de trouver les dernières paillettes d’or que le fleuve peut encore leur donner, et sursautons aux coups de bâton que les pêcheurs donnent vigoureusement dans l’eau pour ramener du poisson. Par contre, le contraste entre ce pays pauvre et l’ambiance touriste à la plage qui écume des pintes tout au long de la journée est un peu difficile à accepter. Cela dit, que nous buvions des bières à trois fois le prix ou non, que nous nous sentions concernés par cette pauvreté ou non, bref, que l’on se sente parfois mal à l’aise ou pas ne change rien à l’affaire, touristes nous sommes, touristes nous resterons, quoique nous en pensions, et plus que jamais vus depuis la rive!

Nous arrivons après quelques sept heures de navigation dans un autre petit village dont la population augmente significativement chaque soir pour diminuer tout aussi vite le lendemain matin. Et nous passons vraiment une belle soirée avec Monique et Jean-François, notre couple joyeux, et Katrin et Mathias, les deux cyclistes… Nous nous quittons le jour suivant, seuls les cyclistes continuent, Monique et Jean-François veulent voyager sans hâte, nous sommes plus pressés de poursuivre notre route. Cette deuxième journée sur le fleuve est plus agréable, nous sommes séparés en deux bateaux, c’est plus calme et surtout moins serré, et nous avons encore 6 heures pour admirer les roches noires ou le sable blanc des berges.

Et à Luang Prabang, une belle surprise nous attend. Il nous faut un moment pour repérer ces bras qui s’agitent dans le port, mais une fois dans notre champ de vision, un grand sourire nous vient, Marine et Vianney sont là pour nous accueillir! Nous sommes vraiment contents de les retrouver, et nous fêtons ça par une chouette soirée…

Nous découvrons la ville paisible de Luang Prabang pendant deux jours. C’est vraiment un bel endroit, paisible et chaleureux, nous tombons sous son charme… Les maisons basses le long du fleuve, les rues tranquilles et sans trop de circulation, les temples pas trop blinquants, le marché où l’on peut remplir nos assiettes à petit prix, le tout sous un soleil pas trop ravageur nous donnent cette impression de lieu où il ferait bon-vivre un moment. Et nous sursautons des dizaines de fois au son de mon klaxon, non ce n’est pas moi qui suis devenue une nerveuse de la poire, mais les laotiens adorent l’essayer, au moins je ne dois pas regarder pour vérifier si mon vélo est toujours là, j’entends qu’il est là! On démonte même l’objet du désir la nuit pour ne pas être réveillés, il n’y aurait rien de plus frustrant!

Mais nous n’avons décidément plus trop le temps, si nous avions su que 4 mois avant le retour nous serions déjà pressés! C’est que nous devons encore traverser toute la Chine et la Russie, même en train, ça demande un certain temps. Nous repartons donc, et de nouveau en bonne compagnie, nos tandémistes répondent à l’appel! Le départ de la ville se fait par un petit pont où seuls les deux roues passent, c’est une des grandes villes du Laos, mais elle n’est pas bien agitée ce matin, et pour une fois il ne faut pas attendre des dizaines de kilomètres avant que la circulation ne se calme…

Les paysages deviennent de plus en plus beau sur cette route nationale pas plus large que nos routes de campagne. Et surtout, on est entourés par des gosses à chaque traversée de village, leur grand jeu, c’est de frapper dans nos mains, ils courent en criant « Sabaidii » et tendent leurs mains, ça claque, c’est drôle et tellement léger, tout le monde rit… Nous devons faire attention à bien garder notre trajectoire quand un petit tout nu de deux ans veut faire comme les grands, pas facile de lui taper doucement dans la main sans lui rouler sur les pieds, mais ils se débrouillent comme des chefs. J’imagine qu’il doit y avoir un concours de celui qui a le plus tapé dans des mains de cyclistes, car il y en a quelques uns qui passent par ici, mais ça ne change rien à leur comportement vraiment souriant et gentil… Nous nous sentons bien ici, et c’est avec plus d’ardeur que nous affrontons les côtes de plus en plus dures et longues.

D’ailleurs, le lendemain, c’est une toute belle qui nous attend. Nous montons pendant une quarantaine de kilomètres, Marine et Vianney souffrent sur leur tandem plus difficile à amener au sommet mais ne renoncent pas. C’est devenu plus difficile de trouver une gargotte pour manger un bout, et nous nous retrouvons à cuisiner une omelette dans le wok de l’épicière sous les yeux attentifs de la moitié du village. Lors d’une descente, je pose distraitement les yeux sur une feuille en travers de la route. Héé, elle bouge la feuille, c’est un beau long serpent vert qui me fait lever les pieds en criant, ouch, j’ai eu peur!

Nous cherchons un endroit pour dormir, mais ce soir-là, nous sommes trop fatigués pour rejoindre la ville. Nous demandons donc dans un village où nous pourrions dormir. Un professeur accepte de nous accueillir, mais pour cela il doit d’abord demander l’autorisation au « chef » du village. Qui n’est autre que la police locale… qui n’en a que faire que nous soyons fatigués, elle nous réclame 5 dollars par personne pour pouvoir poser notre tente, plus que le prix d’une auberge! Et si nous ne payons pas, nous se serons pas « protégés ». De qui, pas des villageois en tous cas!? Quelle arnaque, le professeur est désolé, mais c’est non, nous ne paierons pas, et nous repartons après avoir rempli nos bouteilles d’eau et s’être approvisionnés pour le soir. Quelques kilomètres plus tard, après s’être assez éloignés du village, nous demandons à une famille si nous pouvons planter notre tente chez eux. Sans même se poser la question deux fois, ils nous font entrer dans leur maison et nous proposent de dormir là… Nous ne parlons pas lao, ils ne parlent pas anglais, mais avec des photos, des signes et des dessins, nous parvenons à communiquer un peu. Et nous partageons leur repas, c’est sûr, nous ne partirons pas de là le ventre vide! C’est la jeune femme qui mène tout ça tranquillement, quatre enfants, un mari, deux amis et quatre invités surprise à nourrir! D’ailleurs, elle nous tend un bout de viande, que nous goûtons un peu prudemment. C’est fort, et nous ne parvenons pas trop à savoir ce qu’on mange. Ca ne vole pas, ça court, ce n’est pas bien gros… Quelques dessins plus tard, nous nous rendons compte que nous avons mangé du rat, mmmh! 🙂

La nuit est un peu courte, mais nous repartons vaillamment. Ca ne monte plus très longtemps, et nous arrivons en fin de matinée à Oudomxaï. C’est là que nos chemins se séparent, Marine et Vianney vont vers l’est et le Vietnam, nous continuons vers le nord, direction la Chine! Nous ne nous quittons pas sans un dernier bon repas et quelques gorgées de bière, ce n’est pas facile de redémarrer après ça, et nous avons un peu de mal à attaquer le morceau de l’après-midi… C’est d’ailleurs en début de soirée que nous arrivons dans notre dernier village laotien, juste avant la Chine. Et juste avant une grosse drache, de celles qui traversent la peau!

Plus qu’un jour de vélo devant nous. Nous sommes tristes de quitter le Laos aussi rapidement, mais le voyage continue… Nous atteignons la ville frontière, Boten, encore au Laos mais pourtant déjà très chinoise, la transition est rapide. Le passage de la frontière est surprenant aussi. Une petite baraque au Laos, où l’on se fait engueuler car nous ne pouvons pas passer la ligne sur nos vélos, il faut pousser. Et d’énormes bâtiments avec une route à quatre bande du côté de la Chine. Seul point commun, on se fait encore rappeler à l’ordre pour la même raison, décidément, nous ne sommes pas très obéissants!

Et nous voilà en Chine, changement de monde! Il n’y en a pourtant pas beaucoup par ici, mais tout est grand, large, haut, et bétonné… La route est d’ailleurs très confortable, il nous reste 40 kilomètres à rouler pour atteindre la première petite ville chinoise, notre seule et unique étape en Chine, un seul petit centimètre sur notre carte au 1:4.000.000è, un tout petit pas dans ce pays gigantesque!

Le reste, nous le ferons en train, mais les aventures sur rail, ça sera pour un prochain mail! D’ici là, portez-vous bien!

Les photos du Laos

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