Transsibérien-Moscou

  • Moscou et le dernier train!

Publié le 07 septembre 2011 par Claire, photos de Jean-Louis

Nous sommes à Moscou, encore une capitale, encore des voitures qui foncent à toute allure, ici plus qu’ailleurs d’ailleurs, et une nouvelle langue. Heureusement, l’apprentissage rapide du cyrillique nous permet de lire les panneaux et noms de rue, et finalement, après quelques recherches, nous arrivons chez Arina, qui nous accueille pour nos quatre jours en Russie.

C’est court, mais nous n’avons pas le choix à cause de notre visa de transit, alors on s’organise. La première chose que l’on fait est de réserver les billets de notre dernier train, celui que l’on n’avait pas prévu et qui nous permettra de quitter la Russie et de partir de Lettonie. On y arrive sans trop de mal, et on peut partir à la découverte de Moscou. Il y a tant de choses à voir qu’il faut choisir, et on commence par la splendide et majestueuse Place Rouge. Évidemment, on pense à Gilbert, et à Bobonne qui adorait entendre Nathalie, on la cherche et ne la trouvons pas, mais j’envoie tous mes baisers à ma chère Bobonne…

La place avec son église surmontée de ses bulbes colorés n’est pas comme nous l’avions imaginée, elle est plus grande, l’église plus petite, mais le tout est impressionnant. Le Kremlin et son haut mur d’enceinte la borde, le mausolée de Lénine est fermé, dommage, ça aurait été notre visite « bizarre » que de pouvoir contempler le corps du petit moustachu…

Arina nous fait parcourir des kilomètres d’un côté et de l’autre de la Moskova, on visite le musée Pouchkine avec une belle collection d’impressionnistes, et nous reposons enfin dans un café en buvant du kompot et du kvas.

Nous essayons aussi de nous perdre dans les petites rues de Moscou, pas facile dans cette ville immense, mais nous y parvenons pas mal, et visitons ainsi la maison de Maxime Gorki, flânons devant celle de Tolstoï, apprécions le calme d’un monastère où se cachent encore quelques nonnes, et plissons les yeux pour déchiffrer les inscriptions sur les tombes du cimetière proche, il y a plein de personnalités enterrées ici, mais ce n’est pas facile de les trouver parmi toutes ces croix un peu tronquées, nous abandonnons vite.

On se plonge aussi au cœur de la religion orthodoxe avec les visites de quelques basiliques. Nous sommes à une semaine de Pâques, et c’est ici une fête aussi importante que notre noël. Ils se préparent déjà, et les prêtres au chapeau noir et longue robe colorée de fête ne rigolent pas beaucoup. Tiens, je suis la seule à ne pas porter de foulard sur la tête, oups, nous ne savions pas qu’il était de rigueur ici! L’assistant du prêtre au même moment nous fait un signe du menton pour que l’on se pousse, aïe, nous sommes plantés devant les icônes qu’il vient embrasser, deuxième gaffe! Décidément, notre place n’est pas ici, et nous sortons retrouver le soleil.

Nous passons de bons moments avec Arina, entre cuisine et bavardages… mais trois jours, ça passe vite, et nous courons de nouveau. Une dernière accolade, et nous la quittons pour attraper notre train. Nous avons bien choisi notre moment, une tempête de neige s’abat sur Moscou, nous n’y voyons pas grand chose, et nous avons les mains gelées. Ce n’était que le temps du trajet, ça se calme déjà, et nous pouvons démonter nos vélos au sec avant de les embarquer pour la dernière fois dans un train. Ici, les hôtesses ne sourcillent pas et nous laissent entasser tout… Nous sommes en train de nous dépêcher pour tout monter dans la wagon lorsque nous faisons la connaissance de Dimitri sur le quai. Il est Russe, mais parle français, et habite à, je vous le donne en mille, Marcinelle! Si nous pensions parler du pays de Charleroi avec un Russe!

Euh, d’ailleurs, il veut nous aider mais se met plutôt dans nos pattes, j’essaie de le pousser sans le vexer pour aider Jean-Lou qui piétine sur le quai. J’y arrive en toute diplomatie, et nous démarrons… Dimitri nous explique qu’il vient de Belgique avec des « pijo » qu’il a vendu… « Quoi, des pigeons? » demande Jean-Lou… Euh, Jean-Lou, je crois qu’il voulait dire « Peugeot »! On se retient pour ne pas éclater de rire, ce n’est pas le moment! Nous sommes dans un plaatskaart, troisième classe des trains russes, mais très bien aménagée et confortable. Et nous sommes coincés entre des femmes très accueillantes et souriantes, et des hommes plus bourrus, notre Dimitri et un autre type avec lequel nous apprendrons qu’il faut être encore plus diplomate!

D’ailleurs, nous sommes sur nos gardes. Le gars en question nous aborde et nous demande si on parle allemand. Jusque là, pas de quoi être alertés, on lui répond que nous sommes belges et que nous parlons français, ou anglais. Son visage s’illumine, un terrain d’entente peut-être? Non, ce n’est pas les langues, mais la Belgique, et il nous demande, le sourire un peu moqueur, si on connaît Léon Degrelle. « Oui », on se demande où il nous emmène. Il nous demande « Good or no? »… Euh, pas bien du tout! Mmmh, apparemment, ce n’est pas la bonne réponse. Et Klaus Barby, on connaît? Bon, là on essaie de nier… Et Hitler? Ouais, là ça devient difficile de répondre que l’on ne le connaît pas… Et pourtant, lui il adore toutes ces crapules, et n’arrête pas de nous provoquer. Il est costaud et à la descente facile, comment rester calme et ne pas l’énerver, on ne compte quand même pas jouer son jeu. On essaie de limiter nos contacts, et Dimitri joue le protecteur. Ouais, sauf qu’il est saoul, et un peu provocateur lui aussi. « C’est pas Belgique hein ici, comment tu trouves Rrrrrussie? », on lui répond que nous on a trouvé, du peu qu’on en a vu, le pays et les Russes plutôt chouettes. Tiens, ce n’est pas la bonne réponse non plus, « Rrrrussie dangereux! » nous dit-il en nous regardant d’un air agressif. Oui, ben jusque là ça avait été, mais là effectivement c’est moins cool… Pas de chance, nous sommes tombés sur les deux seuls énergumènes du wagon! Heureusement, les femmes essaient de tempérer ces esprits chauds en offrant pignons de pin de Sibérie et bon jambon, et nous nous couchons rapidement, après avoir descendu une vodka avec eux, ça aurait été un plaisir en temps habituel, mais là en plus, on se dit surtout que c’est toujours ça de moins qu’ils boiront! J’ai droit à un coup de fil d’un pote de Dimitri, un belge qui me demande qui je suis, étonné de m’avoir au bout du fil, et me demande dans quel état est son pote. Euh, imbibé, cette fois-ci ça convient comme réponse? C’est ce qu’il attendait, je raccroche, un de moins!

Heureusement, la nuit apaise les esprits… Dimitri se réveille avec une gueule de bois et vient vers moi « T’as pas médicaments, je suis trrrrrès malade »… Ouais, t’as trop bu quoi! Le contrôle à la frontière lettonne se passe bien, ça y est, nous sommes dans l’espace Shengen! Dimitri est fâché que les policiers lui ait pris son passeport, « Incrrrrrroyable!!! ». Son expression nous restera, nous le disons encore, « Incrrrrrroyable!!! » 😉 Mais nous sommes de l’autre côté de la frontière, ça y est, nous pouvons enfin quitter le train, et retrouver nos vélos pour ne plus les quitter, quel soulagement! Jean-Lou, le sourire vengeur, frappe vigoureusement sur la carreau pour réveiller Dimitri qui s’était endormi sur son mal de tête, nous lui faisons de grands signes depuis le quai pour lui dire au revoir!

Nous voilà en Europe, à Rezekné, une toute petite ville lettonne, ça y est, plus de papiers, plus de trains, plus de frontières, juste nous et nos vélos, nous partons vers Mons!!!

Les photos

  • 6 jours dans le transsibérien

Publié le 06 septembre 2011 par Claire, photos de Jean-Louis

Rebonjour tout le monde!

Et oui, maintenant la cadence est soutenue, on va vous raconter ces deux derniers mois en une semaine!

Nous avons donc traversé une dernière fois Pékin le soir tombé, et sommes arrivés sans encombre à la gare. La gentille contrôleuse nous a laissé passer avec notre lourd chargement sans avoir trop le temps d’y penser, il faut parfois y aller à l’audace, et nous parvenons après quelques descentes et montées d’escaliers (c’est pratique avec des vélos qui pèsent 40 kilos!) devant le quai… Là, nous bavardons avec un Allemand qui nous annonce que le train… ne passe pas par la Mongolie! Nous sommes tout à fait incrédules et ne voulons pas le croire, persuadés que comme c’est le chemin le plus court, tous les trains traversent le pays de Gengis Khan, nous n’avions même pas vérifié. Mais nous devons nous rendre à l’évidence, il a raison, les trains du mercredi traversent la Mongolie, mais pas ceux du samedi, toute cette attente, ce stress et cet argent pour rien, bravo! Il nous faut un petit moment pour avaler cette nouvelle, mais de toute façon, ça ne change plus rien à la suite du voyage, ça ne fera juste un joli cachet pour décorer notre passeport!

Ca y est, le train est là, encore une bataille pour y mettre les vélos, nous sommes un peu nerveux car nous avons pris le risque de les garder avec nous et de ne pas les envoyer par cargo comme c’est normalement la règle (ce qui était tout aussi risqué, car nous ne pouvions pas attendre nos vélos 10 jours à Moscou!)… Nous avons droit à un « Niet » catégorique, la peu commode hôtesse russe ne veut d’abord pas en entendre parler. Mais on lui affirme que nos vélos sont démontables, elle entend pliables, et nous laisse grimper… On glisse des roues un peu partout, les cadres sur les couchettes au dessus de nous, heureusement nous ne sommes pas beaucoup dans le train et seuls dans notre cabine, une chance! Quand elle voit le résultat, elle n’est à nouveau plus trop d’accord, mais le train est parti, ouf, nous avons réussi!

Et nous avons 6 jours pour nous relaxer de tout ce stress accumulé, ça va nous faire le plus grand bien avant notre dernière grande étape. Nous nous installons confortablement, et préparons notre cabine, comme nous sommes seuls, nous pouvons prendre nos aises, ranger la nourriture pour une semaine dans tous les coins possibles, et enfin nous étendre sur nos lits qui tanguent au gré des secousses du train…

Et le transsibérien, c’est un véritable cinéma de 6 jours, avec les scènes qui défilent derrière les fenêtres. Il a l’air de faire bien froid dehors, il y a encore pas mal de neige, qui parfois commence à fondre ce qui transforme les villages en terrain de boue où les vieilles ladas (oui oui , il y en a encore plein!) éclaboussent les babouchkas… Nous sommes un peu frustrés de ne pas pouvoir traverser ces villages paisibles en vélo (en choisissant évidemment mieux la saison!), la steppe et les grandes plaines sont des paysages attirants qu’il doit être bien agréable à contempler du haut de nos selles. Par contre, on devrait prendre au garde aux brûlis qui courent sur l’herbe sèche lors de nos arrêts tente, on en voit pas mal le long des rails…

Nos seuls rencontres sont celles des gardes aux frontières, nous passons 11 heures en tout à la frontière Chine-Russie. Dernier contrôle des Chinois, plutôt rapide, et accueil froid des Russes qui nous font lever et enlever nos lunettes pour bien comparer avec la photo du passeport, il est 5 heures du matin, nous devons quand même avoir l’air un peu chiffonnés! Nous nous arrêtons ensuite de longues heures dans le premier village russe, ils doivent changer l’écartement des roues du train, les rails sont plus larges en Russie. Nous n’avions pas compris qu’ils nous mettaient hors du train pour plusieurs heures, nous sommes partis sans nos vestes, heureusement que le soleil brille! Nous visitons le petit village où nous parvenons à changer quelques yuans en roubles, et à s’acheter enfin du pain et du fromage, puis se réchauffer dans un petit bar avec un café en compagnie de deux Allemands… Nous bredouillons trois mots de russe, mais le patron est accueillant et sur son visage un peu austère, ses grands sourires paraissent encore plus chaleureux…

Allez, nous pouvons réintégrer nos pénates, manger notre fromage avec avidité (nous n’en avions plus eu depuis l’Amérique du Sud!), et se plonger dans notre petit guide de conversation russe. J’apprends à déchiffrer l’alphabet cyrillique, on risque d’en avoir bien besoin, et notre hôtesse, qui s’est depuis le départ bien déridée, nous glisse de temps en temps un nouveau mot à potasser…

La plus belle surprise nous attend encore, la blancheur sans fin du lac Baïkal! Sa croûte gelée nous accompagne pendant des heures, et nous le longeons en déjeunant puis en dînant, sur un petit air d’accordina…

Nous nous rapprochons petit à petit de Moscou… Lors des haltes dans les gares, nous avons parfois le temps de courir acheter des pirojkis fourrés à la viande à une petite grand-mère, et de regarder les voyageurs passer sur les quais, des belles Russes aux jambes allongées à leurs hommes avec lesquelles on se dit qu’il ne faut pas faire de petites blagues, en passant par les Chinois en pyjama qui font le trajet dans l’autre sens que nous. Nous avalons nos dernières nouilles, difficile de varier nos repas pendant ces 6 jours, heureusement nous disposons d’un samovar qui fournit le l’eau bouillante pour préparer des plats chauds.

Mais Moscou est là, nous préparons nos bagages, et nous vidons tout sur le quai, prêts à découvrir encore une nouvelle ville et un nouveau pays, et une fois de plus nous glisser entre les bolides russes pour atteindre notre couchsurfeuse qui nous attend… Mais cette histoire est pour plus tard…

Les photos du transsibérien

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